Sur une côte déchirée entre beauté ancestrale et ruines modernes, là où le bleu profond de la mer se mêle au gris des chantiers inachevés, résonne une histoire simple et essentielle. Celle d’un jeune homme, Nabil, qui, chaque soir, quittait le tumulte d’une ville en crise pour rejoindre le silence chargé des hauteurs. Là-haut, face à la Méditerranée, il venait écouter. Non pas le vacarme du monde, mais les murmures de ce qui reste : le clapotis des vagues fatiguées, le cri isolé d’une mouette, le vent qui siffle entre les sacs plastiques oubliés sur les rochers. Il venait, non pour fuir, mais pour entendre ce que beaucoup avaient cessé d’écouter.
Cette histoire, portée par une ambiance sonore saisissante et une narration empreinte de mélancolie lucide, trace le chemin de Nabil vers une prise de conscience, puis vers l’action. À travers ses yeux et ses pas, c’est un Liban au bord de l’asphyxie environnementale qui se dévoile : plages souillées, espèces en détresse, silence étrange d’un écosystème blessé. Une tortue morte, une bouteille dans la gueule ; un oiseau piégé dans un filet… Ce sont ces signes, que d’autres ignorent, qui réveillent Nabil. Ce sont eux qui l’amènent, peu à peu, vers ceux qui n’ont pas renoncé.
Dans les ports, les criques, les écoles publiques sans électricité mais pleines de vie, Nabil rencontre d’autres jeunes, des professeurs, des bénévoles, des rêveurs lucides. Ils parlent en franglais, mélangent les mots comme leurs espoirs et leurs colères. Ensemble, ils agissent. Ils ramassent, sensibilisent, réparent ce qu’ils peuvent. Et surtout, ils apprennent. Que l’eau potable ne tombe pas du ciel. Qu’elle dépend de sources invisibles, de forêts lointaines, de rivières menacées. Que l’eau, comme la mer, est un tout fragile. Et que l’Objectif de Développement Durable 6, celui qui parle d’eau propre et d’assainissement, n’est pas un idéal abstrait. C’est une ligne de survie. Un cri de justice.
Mais au-delà de l’urgence écologique, Nabil découvre une vérité plus profonde encore : on ne peut pas guérir seul. La résilience n’est pas un acte solitaire. Elle se tisse dans les liens. Avec les pêcheurs qui observent les poissons disparaître, avec les enfants qui ramassent les déchets comme un jeu, avec les mères qui nettoient les plages avant le lever du soleil. C’est cela, l’ODD 17 : les partenariats. Non comme concept technocratique, mais comme nécessité vitale. Une solidarité de terrain, organique, immédiate.
Et puis vient le moment où le combat prend une autre dimension. Suivre les espèces marines. Poser des capteurs faits main. Observer les retours fragiles des mérous, la disparition inquiétante des hippocampes. Comprendre que les tempêtes, jadis “exceptionnelles”, deviennent ordinaires. Le changement climatique (ODD 13) n’est plus une abstraction, c’est une marée qui monte lentement, mais sûrement. Il ne vient pas d’ailleurs. Il est là. Il est ici. Et il transforme tout.
Alors Nabil, et avec lui des milliers de jeunes, au Liban et ailleurs, comprennent que défendre la vie aquatique (ODD 14), ce n’est pas sauver des poissons. C’est défendre leur propre avenir, leur droit à vivre dignement sur une terre qui ne s’effondre pas. C’est revendiquer le droit d’aimer la mer sans la voir mourir. C’est bâtir, non pas un monde parfait, mais un monde possible. Ensemble.
Le souffle de la Méditerranée n’a jamais cessé. Mais il s’est retrouvé étouffé sous le poids de l’indifférence. Aujourd’hui, une génération nouvelle tend l’oreille. Elle entend. Elle se lève. Et elle agit.
Ce projet, inspiré de cette narration sensible et ancrée dans la réalité libanaise, est un appel. Un appel à voir, à entendre, à comprendre. Mais surtout, un appel à répondre. Par l’éducation, l’engagement local, la coopération concrète et la transmission d’une responsabilité partagée. Car écouter la mer, c’est déjà commencer à la soigner.